À Louise

Maëlle Rey

Poésie

Extrait

Soirée au Louise Gallery

Robe très courte jaune canari 

Hautes colonnes noires

des miroirs et des gens qui dansent

en se regardant

13 ans, 14 ans

fausses cartes d’identité 

changer le 5 sur Paint

Nathalia qui vomit dans les toilettes du Quick Louise

Le Quick Louise va appeler la police si on ne la dégage pas dans la minute

Mohamed et Alexandre portent Nathalia et la sortent du Quick Louise

Mohamed et Alexandre nous ramènent chez la grande soeur d’Alexandre

Alexandre est amoureux

moi pas

mais je n’ose pas lui dire alors je réponds

je ne sais pas

et il en fait

un statut Facebook 

(...)

Plus on s’habille court et plus

on a de chance 

d’entrer dans la boîte

les videurs sont de vieux monsieurs 

ils ont la capacité de reconnaître 

des visages d’enfants

mais

la photocopie sur un vieux papier imprimé jauni ça passe

même le samedi soir

surtout le samedi soir

(...)

Aux Scouts jumelés à l’école, ça chante

Elle fume, elle boit, elle s’la pète

Elle s’appelle Maëlle

mais pas le temps de s’en occuper

il faut préparer la soirée du week-end au Louise Gallery

Mia cherche une carte d’identité elle prend celle de sa soeur elle se ressemblent comme deux gouttes d’eau mais Mia a deux ans de moins et nous cinq ans de pas assez pour rentrer alors cinq ans de pas assez plus deux ans de moins ça fait trop

et elle ne rentre pas

pas grave

elle finira la soirée ailleurs

à la vodka

(...)

J’écoute en boucle Nico Teen Love des BB Brunes et j’essaie de commencer à fumer

J’écoute Saint-Petersbourg de Damien Saez et je pleure si fort parce que Guillermo ne m’a pas écrit alors qu’on s’est embrassé au Louise Gallery la semaine passée et je lui ai peut-être dit trois mots entre la sortie et le taxi et peut-être même sur toute la soirée mais trois mots c’est déjà beaucoup et je t’aime, ça rentre. 

Saint-Petersbourg n’a rien à voir là-dedans 

Je ne suis pas Olga la blonde, celle qu’on appelle Espoir

mais je la remets en boucle jusqu’à ce qu’il n’y ait plus de perles qui tombent sur mes joues


(...) à suivre.