(…)

Tu te laisses aller dans des lieux

autres

Tu te rappelles du plancher en bois qui

accueille les pieds d’enfant qui grandissent

toutes les tailles de pied rencontreront ce bois

et les murs de la cuisine

espaces d’exposition des dessins de bonhomme à trois pattes

d’animaux fâchés de petit frère aux cheveux drus

un canapé à carreaux verts frôle le sol du salon

qui englobe

des danses de la joie avec Babar et Céleste

des anniversaires des bougies soufflées sur le cake des cabanes imaginées des parcours de survie

tu continues le parcours dans ta tête tu vois

la liberté du canapé Chesterfield rouge déglingué de chez Troc

la liberté de rester affalés regarder FBI portés disparus jusqu’au dernier épisode

même s’il est tard

(…)

Tu joues avec ta nostalgie

tu joues à te baigner dans des souvenirs

tu tentes de les rendre joyeux mais parfois

le terne prend plus de place que prévu

tu crois que ça se sélectionne

tu l’as cru longtemps

mais ça ne fonctionne pas comme ça

en ce moment chaque fois

que tu sors de chez toi pour promener ton chien

tu sens le thym et le romarin et tu

tournes la tête

tenter de trouver des bouquets

tu n’as jamais senti le thym ni le romarin

dans le bitume

de ta ville

et pourtant en ce moment

à chaque fois

tu le sens

propulsée par l’effluve

dans un autre lieu

celui où tu as vécu le plus longtemps

celui qui est constant

mais loin

de ta maison du quotidien

(…)